V Dimanche de Carême, 25 mars 2007

Le passage évangélique rapporte l’épisode de la femme adultère dans deux scènes suggestives: dans la première, nous assistons à une discussion entre Jésus, les scribes et les pharisiens à propos d’une femme surprise en flagrant délit d’adultère et, selon la prescription contenue dans le Livre du Lévitique (cf. 20, 10), condamnée à la lapidation. Dans la deuxième scène a lieu un dialogue bref et émouvant entre Jésus et la pécheresse. Les accusateurs impitoyables de la femme, citant la Loi de Moïse provoquent Jésus – ils l’appellent « maître » (Didáskale) – en lui demandant s’il est juste de la lapider.

Ils connaissent sa miséricorde et son amour pour les pécheurs et sont curieux de voir comment il s’en sortira dans un cas de ce genre, qui selon la Loi mosaïque, ne présentait aucun doute. Mais Jésus se met immédiatement du côté de la femme; tout d’abord en écrivant par terre des paroles mystérieuses, que l’évangéliste ne révèle pas, mais qui en reste impressionné, et puis en prononçant cette phrase devenue célèbre: « Celui d’entre vous qui est sans péché (il utilise le terme anamártetos, qui n’est utilisé qu’à cet endroit dans le Nouveau Testament), qu’il soit le premier à lui jeter la pierre » (Jn 8, 7) et qu’il commence la lapidation. Saint Augustin, en commentant l’Evangile de Jean, remarque que « le Seigneur, en répondant, respecte la loi et n’abandonne pas sa bonté ».

Et il ajoute qu’avec ces paroles, il oblige les accusateurs à entrer en eux-mêmes et, en se regardant, à se découvrir eux aussi pécheurs. C’est pourquoi, « frappés par ces paroles comme par une flèche aussi grosse qu’une poutre, ils s’en allèrent l’un après l’autre » (In Io. Ev. tract. 33, 5).

Les accusateurs qui avaient voulu provoquer Jésus s’en vont donc l’un après l’autre « en commençant par les plus âgés jusqu’aux derniers ». Lorsque tous sont partis, le Divin Maître reste seul avec la femme. Le commentaire de saint Augustin est concis et efficace: « relicti sunt duo: misera et misericordia » (ibid.), ils demeurent tous deux seuls: la misère et la miséricorde. Chers frères et sœurs, arrêtons-nous pour contempler cette scène où se trouvent confrontées la misère de l’homme et la miséricorde divine, une femme accusée d’un grand péché et Celui qui, bien qu’étant sans péché, a pris nos péchés sur lui, les péchés du monde entier. Jésus, qui était resté penché pour écrire dans la poussière, lève à présent les yeux et rencontre ceux de la femme. Il ne demande pas d’explication. Il n’est pas ironique lorsqu’il lui demande: « Femme, où sont-ils donc? Alors personne ne t’a condamnée? » (8, 10). Et sa réplique est bouleversante: « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus » (8, 11). Dans son commentaire, saint Augustin observe encore: « Le Seigneur condamne le péché, pas le pécheur. En effet, s’il avait toléré le péché il aurait dit: Moi non plus je ne te condamne pas, va, vis comme tu veux… bien que tes péchés soient grands, je te libérerai de toute peine et de toute souffrance. Mais ce n’est pas ce qu’il dit » (Io. Ev. tract. 33, 6). Il dit: « Va et ne pèche plus ».


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